Christian HIBON, plasticien

Ces 5 peintures de Christian HIBON sont inspirées du "chemin kanak" , une promenade à travers cinq jardins du Centre Tjibaou de NOUMEA qui nous raconte la vie de Téâ Kanaké.

Téâ Kanaké, héros culturel kanak est le premier né de tous les hommes, l'origine de ce héros fondateur s'ancre profondément dans la tradition orale la plus ancienne de l'aire paicî-cemuhi (au centre de la grande terre et sur l'île Maré).

Les cinq étapes du héros sont :

1. L'origine des êtres
2. La terre nourricière
3. La terre des ancêtres
4. Le pays des esprits
5. La renaissance

A chaque étape des plantes dont les calédoniens connaissent parfaitement les effets, illustrent l'histoire de Téâ Kanaké, elles sont pour eux des images et des symboles.

Dans les 5 peintures on retrouvera en collages et inclusions :

• L'écorce de niaouli, dite "peau de niaouli" qui est traditionnellement utilisée pour revêtir les toits et les parois des cases. Lors des naissances, il est d'usage d'envelopper les nourrissons dans l'écorce de niaouli afin de les protéger et de leur donner de la force.
• Un coquillage, première "monnaie" qui permettait non d'acheter mais de faire "la coûtume" c'est à dire de faire des présents aux hôtes des tribus que l'on visitait.

1. L'origine des êtres

La naissance de Téâ Kanaké. A l'aube du monde, la lune dépose sa dent sur un rocher qui émerge de l'océan des origines, sous l'effet de ses rayons, la dent se décompose. Apparaissent alors les premiers êtres vivants, ceux qui restent sur le rocher se transforment en lézards, ceux qui glissent dans l'eau deviennent anguilles et serpents. De ces êtres primordiaux naît Téâ Kanaké.

Sur la toile apparaît le tarot géant qui est associé à la naissance, des feuilles évoquent la fougère arborescente dont le nom signifie " le commencement du pays des hommes" car elle renvoie aux origines.

2. La terre nourricière

Téâ Kanaké cultive la terre. Né ignorant de tout il demande aux esprits de lui transmettre ce qu'il doit savoir pour vivre sur terre : Les magies des pierres et des herbes, le travail des champs, la connaissance des plantes. Il cultive les ignames et fait pousser les taros, sources essentielles de son alimentation.

Sur la toile est figurée la carte de la grande terre qu'il découvre et une évocation de la canne à sucre, car les entre-noeuds de la canne représentent les étapes de la croissance de l'homme tout au long de sa vie. Les deux arcs opposés en forme d'orbite figurent l'ouverture sur le monde et la Connaissance.

3. La terre des ancêtres

Téâ se construit sa case. Les esprits lui apprennent la vie en société, il construit la première case ronde des origines, il plante le pin colonnaire qui délimite les lieux sacrés et tabous et proclame la première parole, ce que nous figurons sur la toile par le coquillage qui évoque la conque. On appelle aussi la parole des clans " la bouche du coquillage" car elle est proclamée par la conque. Le pin colonnaire marque les interdits, planté sur les lieux sacrés, il reste le signe d'un lieu d'habitation ancien; il est aussi le symbole de l'élément masculin.

En haut à droite de la toile est figurée une sculpture qui représente l'ancêtre sur la faîtière de la case. Les deux silhouettes de Téâ ne sont qu'un seul personnage : Téâ et les ancêtres en lui.

4. Le pays des esprits

Téâ Kanaké visite le pays des morts. Afin de tout savoir de la vie des hommes, Téâ décide de connaître la mort, il entre dans le banian qui est le corps des esprits, en suivant ses racines il traverse le pays des ancêtres et s'y transforme en lézard messager de la mort. Le banian arbre sacré habitat des esprits et des ancêtres pouvait être un lieu de sépulture.

Sur la toile figure en haut à gauche un totem comme on peut les voir à l'entrée des cases, de chaque côté de l'entrée les talés ou chambranles en bois de Houp gravés d'une symbolique complexe.

5. La renaissance

Téâ Kanaké renaît en homme nouveau Téâ porteur de la continuité de la Parole, traverse la roche percée, symbole de la renaissance. Il souffle la parole dans la feuille du bois de fer, l'arbre figuré sur la toile au dessus de sa tête, où elle chantera toujours. Le serpent annelé ou "tricot rayé" est l'image du défunt qui veut rejoindre le monde des vivants. Téâ est maintenant représenté avec un visage, il a la connaissance, particulièrement de toutes les plantes.

Sont représentées en bas de gauche à droite: la fleur jaune du Bourao (ou Hibiscus) dont la sève cicatrise les plaies, la fleur du niaouli dont la feuille allongée est riche en eucalyptol, le santal avec ses fruits violets dont le parfum est signe de reconnaissance d'un vivant dans le pays des morts.

Le discobole - Peinture sur bois - H=30cm
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